L’histoire de Martin Miller

Martin était un aventurier intrépide, alors il a décidé de visiter la Toscane, où il est tombé amoureux de la nourriture, mais pas tellement du genévrier. Il a également voyagé en Inde, dont la gastronomie l’a à nouveau conquis, quelle coïncidence ! Cependant, même s’il appréciait les marchés aux épices, le genévrier qu’il y trouvait ne pouvait pas l’impressionner.

Parfois, il se souvenait aussi, avec un certain remords, d’un voyage de travail en Macédoine au cours duquel il passait de longues nuits au casino :
« Bonne nourriture », a-t-il dit, « mais très mauvaises chances.

Cependant, il refusait toujours de parier sur le genévrier dans cette région. Voici un problème sérieux.
Selon lui, le genévrier était une culture compliquée et perfide qui présente une qualité très variable chaque année. En outre, c’est aussi une plante à croissance lente et, lorsque les arbustes atteignent un certain âge, ils cessent de produire des fruits adaptés à l’utilisation. Pour lui, s’appuyer sur une source unique était une grave erreur. Par conséquent, il a décidé de faire une sélection des meilleurs fruits de chaque récolte, quelle que soit leur origine, et, de cette façon, il pouvait toujours choisir les plus grandes baies, celles qui étaient plus riches en huiles et qui avaient un plus grand attrait aromatique. Ce seraient les seules baies qu’il permettrait d’utiliser dans l’élaboration de son gin.

Dans sa quête de perfection, Martin Miller a mis un accent particulier sur la sélection de tous les botanistes en fonction de leur qualité et pas seulement de leur région d’origine. Ce principe a été suivi dans le processus d’acquisition de chaque ingrédient utilisé. Son obsession de créer un gin de la plus haute qualité possible a également été appliquée au processus de distillation.

Tout d’abord, il a demandé qu’un alambic traditionnel en cuivre soit situé, suffisamment grand pour assurer une qualité uniforme. En outre, il a également exigé que seul le cœur de la liqueur soit utilisé. La tête et la queue ont dû être jetées.

Le cœur est la fraction de la distillation dans laquelle la liqueur sort de l’alambic pur et avec une couleur transparente, riche en alcool éthylique et en délicieux composés volatils aromatiques, sans aucune impureté indésirable. En bref, les « têtes » sont la liqueur qui quitte l’alambic pendant environ les vingt premières minutes de fonctionnement, avec laquelle le méthanol, l’acétone et différents esters et aldéhydes sont expulsés.

C’est-à-dire tout ce que votre gin ne devrait pas contenir.

D’autre part, les queues représentent les dernières queues qui sont obtenues lorsque l’alambic a une respiration sifflante pour vider les dernières fissures de ses congénères et acides gras. Savoir détecter et sélectionner le cœur est l’une des compétences fondamentales de chaque maître distillateur.

Martin a interdit la redistillation des têtes et des queues, une pratique courante dans l’industrie.
Cependant, au fur et à mesure qu’il se familiarisait avec la magie de la distillation du gin, son côté aventureux s’éveillait en lui, ce qui l’amenait à expérimenter différentes techniques. Pour trouver ce qu’il pensait être le meilleur équilibre pour son gin, Martin a décidé de mélanger les cartes.
Un jour, il lui vint à l’esprit que s’il distillait les mêmes plantes dans différentes combinaisons et les mélangeait ensuite dans différentes proportions, il pourrait avoir un plus grand contrôle sur l’équilibre final du gin. De toute évidence, à l’époque, Martin ne se rendait pas compte qu’il enfreignait les règles établies par le régime taliban. Mais il avait toujours cru que les règles étaient mises en œuvre dans le but spécifique de les enfreindre.
Tout ce qui l’intéressait, c’était de faire en sorte que son gin présente un excellent équilibre en mélangeant un distillat à prédominance d’agrumes avec un autre sans éléments de ce type. Comme dans tout bon gin digne de ce nom, le genévrier était toujours l’élément dominant, mais à travers lui, on pouvait distinguer une certaine fraîcheur d’agrumes.

Le résultat ? Le gin original de Martin Miller.

Heureusement, les talibans du Gin n’ont émis aucune condamnation à cet égard.

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